Le Mystère reste entier.
Depuis sa création au début des années 1950, cette chorale d’une vingtaine de femmes bulgares chante les légendes de terres inconnues, d’étendues au-dessus des frontières et de voyages dans l’espace-temps. Ce groupe est lui-même devenu une légende. Depuis sa découverte massive par le public d’Europe de l’Ouest et d’Amérique au milieu des années 80, le Mystère des Voix Bulgares a marqué d’une façon ou d’une autre toutes les générations d’auditeurs, et inspiré d’autres artistes.
Un ethnomusicologie suisse qui parcourait l’Europe de l’Est à l’époque de la guerre froide, Marcel Cellier, fut le premier à les enregistrer, et à éditer un album sur son propre label en 1975. Mais c’est une dizaine d’année plus tard que la chorale accède au succès mondial, quand le label anglais branché 4AD ressort le disque produit par Marcel Cellier. Les musiciens s’y reconnaissent et aiment à s’y perdre. Kate Bush, Gorillas ou les Cocteau Twins se pâment. U2, Drake ou l’an dernier Ibeyi les samplent. La musique du Mystère des Voix Bulgares a aussi inspiré la bande-son du film Ghost In The Shell, entre beaucoup d’autres.
Sur un répertoire traditionnel et des arrangements contemporains, le vent des voix gonfle les voilent de l’imagination, et tout le monde décolle. On croit entendre la liturgie de mythologies antiques, si anciennes qu’elles n’existent peut-être que dans l’imagination.
Mais le Mystères des Voix Bulgares n’est pas qu’un écho venu du passé, aussi glorieux soit-il. La chorale n’avait pas enregistré d’album depuis une vingtaine d’années, mais elle a toujours existé, au moins sur scène. Et la voici de retour avec un nouvel album, dont le titre, « BooCheeMish » sonne comme une formule magique, un « abracadabra », un sésame qui révèle l’entrée dans le mystère et les délices des vois bulgares., toit en allant beaucoup plus loin que l’entrée. En vrai et en bulgare, le mot « bucimis » désigne une dans folklorique, mais aussi l’idée de bousculer la tradition de manière positive, pour réveiller la belle (parfois) endormie et lui remettre du rose eu joues. Et c’est bien ce qui se passe sur cet album du Mystère des Voix Bulgares.
L’album « BooCheeMish »
Les chansons ne sont pas issues du patrimoine, elles sont nouvelles. Certaines ont été écrits par Petar Dunkalov, jeune compositeur bulgare renommé pour son travail sur des musiques de films et de ballets. D’autres ont été confiées à l’irlandais Jules Maxwell, qui lui aussi a beaucoup composé pour des chorégraphes. Jules Maxwell a d’autres part tenu les claviers en 2012 et 2013 lors de la tournée de reformation du groupe culte Dead can Dance. lorsqu’on lui a proposé cette collaboration avec le Mystère des Voix Bulgares, il s’est sans doute souvenu qu’une des fans de longue date de la chorale n’était autre que Lisa Gérard, la chanteuse de Dead can Dance. Tellement fan qu’elle avait appris la technique de chant diphonique de la chorale bulgare. Il l’a donc invitée à composer et chanter sur ce nouveau projet. Ses chansons sur l’album, Lisa Gerrard les chante dans une langue de son invention. Ce qui ne fait qu’ajouter au mystère, et aussi à la cohérence de cet album ouvert sur le monde et d’autres cultures. Les chansons vient de différentes régions de Bulgarie, chacune porte sa propre tradition et la mêle aux autres, pour un résultat unique. Le beatboxer bulgare de classe internationale SkilleR a rejoint le projet. Ainsi que le percussionniste allemand David Kruckermann. Sur « BooCheeMish » , on entendra aussi des instruments à cordes, guitare et gadulka.
« BooCheeMish » est donc un album d’ouverture, d’influences et de confluences. Des mondes qui se croisent pour en créent de nouveaux. Le vrai mystère des Voix Bulgares, c’est la beauté universelle.
- Stéphane Deschamps
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