Emmanuel Bardon, Barbara Kusa, Hélène Richer – Chant
Aliocha Regnard – Nyckelharpa & Fidula
Emmanuelle Guigues – Vièle & Kamansheh
Valérie Dulac – Vièle & Lyre d’archet
Sypros Halaris – Kanun
Philippe Roche – Oud
Gwénaël Bihan – Flûtes à bec
Isabelle Courroy – Flûtes kaval
Henri-Charles Caget, Ismaïl Mesbahi – Percussions
Depuis maintenant 20 ans, Canticum Novum développe un projet musical construit autour de l’interculturalité, cherche à mettre en valeur la musique comme source de réciprocité et d’écoute, la rencontre des hommes et des cultures comme ferment de co-création et le dialogue. Dans ces projets, chaque musicien formant ce collectif, avec les contraintes de son instrument, s’approprie la culture de l’autre pour en être une résonance.
Comme une « arche » accueillant la diversité de nos cultures, de nos instruments, de nos mélodies et de nos tempéraments, Emzara, la nouvelle création de Canticum Novum, tente de montrer cette mise en mouvement des musiciens les uns vers les autres et de faire entendre cette résonance vivante de ces rencontres singulières, à l’écoute de chants et de danses de l’Italie, des Balkans et de la France des XVe et XVIe siècles, période de l’histoire européenne marquée par de grandes migrations, d’une Europe en pleine transformation à l’orée des grands mouvements culturels de la Renaissance…
Emzara (nom donné à l’épouse de Noé dans le livre des Jubilés) questionne de manière sensible ce qui met l’homme en mouvement faisant indéniablement écho à la situation contemporaine.
« La méditerranée a été de tout temps zone de brassage. La période médiévale a vu s’y déployer bien des migrations, proches par leurs caractères des grands déplacements humains de l’époque contemporaine : flux et reflux des marchands italiens allant s’installer dans les comptoirs d’outremer ; migrations forcées des Arméniens en Cilicie, ou des juifs espagnols cherchant refuge dans l’empire ottoman, etc. Les motivations sont multiples, de même que les itinéraires empruntés. » Michel Balard dans Migrations et Diasporas méditerranéennes (Xe – XVIe siècles)
Avec Emzara, Canticum Novum souhaite questionner non pas la migration mais la terre d’accueil et mettre en perspective nos territoires d’Europe occidentale (France, Italie & Espagne) et trois cultures migrantes (Arménienne, Grecque et Andalouse) contraintes à l’exil suite à la chute de Constantinople (1453) et la chute de Grenade (1492).
Le programme Emzara est construit autour de deux Lamentations : la lamentation sur la chute de l’Église de Constantinople de Guillaume Dufay et une lamentation sur la chute de Constantinople issue de la tradition populaire grecque des thraces. Autour de ces deux œuvres, le choix musical se veut diversifié : berceuses et danses d’Arménie, poèmes mystiques Andalou (Mohasha syrien), tradition populaire grecque, monodies et polyphonies d’Europe occidentale, donnant une image multiple et colorée de ces territoires d’Europe occidentale accueillant les migrants venus d’orient et poussant à l’exil les séfarades et les andalous vers l’orient et le sud.
Dans tous les cas la musique nous raconte au fil de l’histoire humaine et en particulier dans ces périodes mouvementées de la fin du Moyen-Âge que l’accueillant reçoit et l’accueillit transmet créant ainsi des échanges riches et laissant une empreinte forte sur le territoire d’accueil.
Cette année, pour la première fois depuis la création de l’ensemble en 1996, Emmanuel Bardon désire explorer une nouvelle esthétique celle de la création contemporaine, en associant à ce projet un compositeur de renom : Zad Moultaka. Le programme Emzara, initialement construit autour de deux lamentations sera entrecoupé d’une création ad hoc pour les 13 musiciens de Canticum Novum. Cette pièce intitulée Ard d’une dizaine de minutes a été créée le Samedi 30 Juin 2018, en présence du compositeur, dans le cadre du festival Les Traversées de l’Abbaye de Noirlac.
Cette nouvelle collaboration s’inscrit dans la continuité du projet global de Canticum Novum : les musiciens de l’ensemble questionnent les mémoires individuelles et collectives en s’appropriant des répertoires et en les interprétant sous le prisme de chaque instrument et de chaque personnalité. Il n’est pas question de restituer des œuvres stricto sensu mais d’en proposer des interprétations sensibles et vivantes. Avec la commande de Zad Moultaka, la démarche de l’ensemble reste la même : il s’agit de connecter une transmission patrimoniale avec le monde contemporain et de créer une résonance sensible entre ces deux pans de l’histoire.
www.canticumnovum.fr
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