La création monétaire :
𝗜/ La création monétaire par les banques commerciales
Imaginons une économie fictive avec une seule banque, la banque “Iz”. Dans cette économie, l’entreprise “D’jin” a le projet d’investir en achetant une machine laser de découpe de tissu d’une valeur de 100 000 €. Elle demande donc à sa banque, la banque “Iz”, de lui prêter 100 000 €. Celle-ci accepte en lui créditant le compte de l’entreprise, appelé dépôt à vue (DAV au passif de la banque) de la somme prêtée. La monnaie créée par les banques commerciales est de la monnaie scripturale, c’est-à-dire des écritures sur les comptes bancaires. En contrepartie, elle détient une créance sur l’entreprise “D’jin” de 100 000 € inscrite à l’actif de la banque. Pour rappel, le bilan d’un agent économique est la photographie, c’est-à-dire l’état de son patrimoine à un instant donné. Il comprend l’actif constitué de tout ce que détient l’agent économique et le passif composé de ce qu’il doit aux autres agents, (ce qui lui permet de financer son actif).
L’opération de crédit modifie le bilan de l’entreprise. À son actif, l’entreprise voit son compte à la banque augmenter de 100 000 € et à son passif, elle a une dette envers la banque de 100 000 € inscrite.
L’entreprise “D’jin” achète la machine à l’entreprise “Découp’laser”, en lui faisant un chèque de 100 000 €. Les 2 entreprises ayant leur compte dans la même banque, “Découp’laser” présente le chèque à la banque “Iz” qui débite le compte de “D’jin” de 100 000 € et crédite le sien de 100 000 €.
𝗜𝗜/ Les contraintes pesant sur les banques limitant la création de monnaie
Dans le cas où il n’y a qu’une seule banque dans l’économie, la seule contrainte lorsqu’elle crée de la monnaie est que ses clients peuvent retirer une partie des sommes inscrites sur leurs comptes sous forme de billets (monnaie fiduciaire). Or elle ne peut créer cette monnaie qui est le monopole de la banque centrale. Elle devra donc se procurer la monnaie fiduciaire ou liquide auprès de celle-ci.
Pour rappel, les banques ont obligatoirement un compte à la banque centrale. Quand elles ont besoin de billets pour répondre aux demandes de leurs clients, elles retirent ceux-ci auprès de la banque centrale. Si elles n’en ont pas assez, elles doivent en emprunter moyennant un taux d’intérêt.
Dans la réalité, il n’y a pas qu’une seule banque, mais plusieurs. Dans notre ex, imaginons que “Découp’laser” ait son compte dans la banque “Al”. Lorsque “D’jin” lui paie la machine, “Découp’laser” présente le chèque à sa banque. Celle-ci se retourne vers “Iz”, lui réclamant l’équivalent en monnaie banque centrale, seule monnaie acceptée par les banques en paiement de ce qu’elles se doivent au nom de leurs clients. “Iz” doit donc 100 000 € en monnaie centrale à “Al”. Imaginons que dans le même temps, un autre client de “Al”, Meet, doit 120 000 € à Pub, client de la banque “Iz”, pour un contrat publicitaire. Dans ce cas, les banques se règleront uniquement le solde des opérations. “Iz” doit 100 000 € à “Al” et dans le même tps, “Al” doit 120 000 à “Iz”. “Al” versera donc uniquement la différence, 20 000 € en monnaie centrale à “Iz”. Concrètement les banques se règlent leurs dettes entre elles par l’intermédiaire de leurs comptes à la banque centrale. La banque centrale joue le rôle de banque des banques. Chaque banque a obligatoirement un compte à la banque centrale.
Le compte de “Al” à la banque centrale est débité de 20 000 € et celui de “Iz” est crédité de 20 000 €. Si “Al” ne dispose pas de la somme due sur son compte à la banque centrale, elle devra l’emprunter sur un marché, « le marché interbancaire ». Sur ce marché, les banques échangent chaque jour de la monnaie de la banque centrale. Celles qui en ont plus que leurs besoins la prêtent à celles qui n’en ont pas suffisamment, moyennant un certain taux d’intérêt.
Parfois les banques commerciales passent directement par la banque centrale pour se procurer de la monnaie banque centrale, notamment cas de crise, lorsque les banques n’ayant plus confiance entre elles, elles ne se prêtent plus exemple du "𝘤𝘳𝘦𝘥𝘪𝘵 𝘤𝘳𝘶𝘯𝘤𝘩" (cf. crise de 2008). La banque centrale prête aux banques en contrepartie d’un taux d’intérêt appelé taux directeur de la banque centrale.
