Depuis 1755 l’État corse indépendant était reconnu par l’Angleterre, les Pays-Bas, la Papauté, la Toscane, le Royaume de Sardaigne, et par la Régence de Tunis…
La condition principale de la vente de la Corse par Gênes à la France était que celle-ci mette fin à son indépendance. La France mettra à exécution et avec zèle les clauses du contrat ! L’État démocratique corse est rayé de la carte, ses institutions sont dissoutes, le suffrage universel supprimé, son université fermée, ses miliciens continuant le combat sont poursuivis comme des droits communs, exécutés, emprisonnés, torturés, exclus des lois de la guerre, son drapeau national interdit (encore proscrit en février 2018 lors de la venue du président français Macron à Ajaccio et à Bastia !), son territoire démembré (l’île de Capraghja a été donnée à Gênes, et aujourd’hui sous souveraineté italienne), tous les signes de sa nationalité prohibés, sa monnaie interdite, son économie dévastée, sa population martyrisée, le pays est réduit à une colonie soumise à un régime militaire durant des décennies sous lequel se succèdent sans fin des insurrections entrainant dans son sillage des massacres, des déportations, les cadres de l’armée nationale sont tués ou exilés en Angleterre et en Italie, les Cours de justice corses sont remplacées par celles de la France, suivies de la francisation, le clergé corse (âme de la résistance et pilier du gouvernement national) est mis au pas, les structures économiques et sociales sont démantelées, une politique d’absorption par l’assimilation totale des populations conquises via les institutions administratives, culturelles, religieuses, sociales et économiques sont mises en place par l’occupant français afin de détruire et remplacer le modèle national corse par le modèle français. Ce processus entamé en 1768 se verra poussé à son extrême développement à partir de 1789…
