défilé DIOR printemps été 2024
Maria Grazia Chiuri, directrice artistique révolutionnaire de la mode féminine chez Dior depuis 2017, est loin d'être étrangère à la discrimination sexuelle. Tout au long de son mandat, elle a été critiquée par certain·e·s qui ont qualifié ses efforts visant à créer des vêtements portables et confortables pour les femmes de simple commercialisme. Pourtant, Chiuri est restée inébranlable dans son engagement à défier les stéréotypes sexistes, utilisant souvent l'ironie et l'esprit pour le faire.

Lorsqu'elle est confrontée à l'argument selon lequel les créatrices de mode qui produisent des collections commercialisables sont considérées comme moins créatives que leurs homologues masculins, Chiuri ne mâche pas ses mots. "Absolument ! Pas de doute là-dessus", s'exclame-t-elle. Elle ajoute ensuite avec malice : "Mais c'est parce que les génies sont seulement des hommes."

La mission de Chiuri de créer des vêtements confortables pour les femmes ne vise pas à augmenter les ventes ; il s'agit de privilégier le confort des femmes. Elle remet fermement en question l'idée selon laquelle les femmes devraient endurer l'inconfort au nom de la mode : "Non, c'est parce que je veux qu'elles soient à l'aise, car je ne comprends pas pourquoi nous devons être inconfortables. Cela découle de l'idée que je fais certains choix non pas en raison de mon processus créatif, non pas en raison de mes valeurs, mais pour d'autres raisons."

Cette conversation a eu lieu dans le contexte de son défilé de printemps, qui comportait une installation vidéo immersive de l'artiste italienne Elena Bellantoni. L'installation a remis en question le regard masculin, affichant des slogans féministes de manière prominente sur les murs d'une tente cubique dans les jardins des Tuileries à Paris. Chiuri souligne l'importance de développer un regard critique à une époque inondée d'images sur les plateformes de médias sociaux : "C'est aussi une manière de me questionner moi-même, car j'ai reçu ces images, et probablement je ne m'en suis pas rendu compte autant dans le passé. Maintenant, j'ai une autre maturité."

En tant que directrice artistique, Chiuri reconnaît le risque de perpétuer involontairement des idées stéréotypées et ressent une responsabilité d'éviter de le faire.

Sa collection de printemps est restée fidèle au style classique de Chiuri, combinant des éléments féminins et garçonnes inspirés des archives de la maison. La collection comprenait des réinterprétations de la robe Abandon de 1948 du fondateur Christian Dior, avec des mises à jour modernes. Des pièces telles que des chemises à découpe avec des manches extra-longues, des jupes plissées avec des motifs sombres et des blazers masculins offraient une nouvelle vision des styles classiques de Dior.

Les caractéristiques notables de la collection comprenaient des impressions fantomatiques de la Tour Eiffel et des motifs floraux à rayons X. Chiuri a également exploré le thème des femmes rebelles, en particulier celles étiquetées comme des sorcières dans l'histoire, à travers des tricots de toile d'araignée et des vestes en jean aux bords brûlés.

Les ensembles entièrement noirs de la collection, inspirés des femmes non conformistes qui ont défié les normes sociales, évoquaient des parallèles avec des personnages comme Mercredi Addams, dont le style gothique imprégnait la collection. Les chaussures de type mary jane style gladiateur ajoutaient une touche branchée aux tenues.

Bien que certains sceptiques de la mode puissent passer à côté des subtilités des collections de Chiuri, son succès continue de croître. Elle demeure inébranlable et résolue dans sa quête d'émanciper les femmes à travers la mode, tout en savourant ses triomphes.

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