Intervention - pleine d'humour - du Député Modem Jean Lassalle le 29/01/2015 à l'Assemblée Nationale, concernant l'article 8 quater de la Loi Macron portant sur le permis de conduire ([ Ссылка ]) :
"Merci beaucoup Madame la Présidente, Monsieur le Ministre. D'abord je voudrais dire que nous avons beaucoup de chance de vous avoir comme Présidente, parce que vous êtes d'une rigueur remarquable, donner la parole plusieurs fois alors que ce n'est pas le cas de tous vos collègues, et en même temps, vous êtes d'une humanité rassurante, donc je voulais vous le dire. Tant que j'y suis, je ne vais pas faire de jaloux, Monsieur Macron, il est prêt à prendre la tête du Gouvernement lorsque Monsieur Valls aura pris les deux valses qu'il va prendre dans l'année à venir. Enfin bref, vous m'avez compris, mais vous êtes en très net progrès Monsieur Macron vous aussi.
Ceci étant, comme j'ai vu que j'étais l'un des rares à avoir connu cette épreuve redoutable de devoir repasser mon permis de conduire une deuxième fois et presque une troisième, parce que vous savez, quand vous êtes Député et que vous n'avez pas de chauffeur, les points, ça tombe très vite, très vite. J'ai vu et je suis très heureux, comme l'a dit l'un des mes collègues, que nous puissions avoir ce soir cette discussion que je n'aurais pas imaginé à l'Assemblée tellement je pensais que le sujet était devenu tabou et qu'effectivement, les progrès dont nous ne pouvons tous que nous rejouir sur le nombre de tués sur la route avait, disons, passé tout le reste au second plan. Et bien oui, Madame la Présidente, nous avons des centaines, des dizaines de milliers de Français qui nous détestent au point que vous ne pouvez pas imaginer sur les dispositions prises sur le plan des retraits de permis de conduire.
Je ne vais pas en rajouter beaucoup parce que Monsieur Fromantin a été excellent, mais pêle mêle, les stages sont chers. Vous savez, pour une famille qui n'a pas beaucoup de travail - tout le monde n'est pas Député parmi ceux qui perdent leur permis de conduire, il y en a qui n'ont pas le même revenu même si le mien est assez moyen au fond. ensuite, le nombre de leçons, ça s'étire, ça s'étire et ça finit par coûter très cher et c'est très long. Puis lorsque vous passez le permis de conduire, comme c'est le cas chez moi, c'est au bout de 30 mois, mais 30 mois c'est assez long, je peux vous le dire. Quand vous devez prendre l'avion à 4h du matin avec un voisin qui vient vous emmener et dont la femme vient vous rechercher trois jours après à 11h30 du soir, c'est long. Mais pour nos compatriotes, c'est très long aussi.
Alors quand enfin, vous avez fait les 30 mois, vous n'avez pas forcément à passer la conduite, mais vous passez des tests psycho-techniques. Je peux vous le dire parce que j'ai du m'y reprendre à trois fois. Le problème c'est pas que j'étais mauvais, bien que le premier test psycho-technique que j'ai passé à l'école à l'âge de 8 ans, alors que j'étais en Français troisième langue, avait révélé que j'avais un QI juste au dessus très légèrement de 0. Mais enfin là, j'avais une dame, et c'est très sérieux, au Centre Hospitalier de Pau, m'a mis deux machines en main comme mes enfants quand ils jouent à la Playstation, vous savez, avec un écran de télévision, et il s'agissait d'arrêter une bulle qui ne devait pas franchir l'écran de manière latérale. Hé bien j'appuyais sur la manette gauche, sur la manette droite, des fois sur les deux, mais à chaque fois la balle allait s'écraser en haut ou en bas mais n'allait jamais de bout en bout. La dame s'est mise dans une colère impitoyable, a décrété que je m'étais moqué d'elle, et a retardé de trois mois l'échéance à laquelle je devais repasser mon permis. Finalement au bout d'un an après les trente mois... Non mais je pensais pas qu'on pouvait le dire, vous voyez Madame, j'ai dit que vous étiez rassurante, mais il faut l'expliquer parce que si on n'explique pas, si un Député de la Nation n'explique pas à partir de son expérience ce que vivent ses concitoyens, mais qui le fera ? Moi je l'ai vécu !
Donc finalement, j'ai réussi par l'avoir et ensuite il faut avoir le code. Mais alors le code, quand vous avez 60 ans, ce qui va être le cas dans quelques semaines pour moi Madame, c'est pas facile non plus, il faut beaucoup s'entrainer. Heureusement il y a un site, je le signale, sur Internet, qui vous donne des leçons profitables. Donc je suis très heureux que nous ayons cette discussion, bien sûr je l'ai un petit peu égayé, j'en ai conscience, mais des fois il faut être un petit peu dans l'humour parce qu'on fait passer des choses qui sont difficiles, mais c'est très lourd, et je suis très heureux que la représentation française se rende compte à quel point le problème est dur et très très durement vécu."
