Illégale, intraçable et facile à produire : on a fait imprimer une arme en 3D et on a tiré avec.
Alors que le débat sur les armes imprimées en 3D anime depuis des années les Etats-Unis, nous avons voulu savoir s'il était facile de produire un de ces pistolets en plastique, s'il pouvait fonctionner et si c'était légal.
L'objet ressemble à un jouet pour enfant, voire à un accessoire sorti d'un film de science-fiction. Pourtant, l'arme que franceinfo a fait fabriquer avec une imprimante 3D a pu tirer une balle bien réelle, capable de toucher une cible. Notre démarche consistait à savoir si ce type d'arme était fiable et facile à produire, comme le prétend par exemple le pionnier de la discipline, l'Américain Cody Wilson, partisan d'une prolifération de ces armes intraçables.
Des experts en armes à feu ont affirmé à franceinfo que ce type de dispositif était au contraire peu fiable, une défiance déjà relayée par le Guardian (en anglais). Contacté par franceinfo, le ministère de l'Intérieur a de son côté minimisé le risque représenté par ces "ghost guns", leur surnom aux Etats-Unis. Dès lors, notre objectif était non pas de créer un guide pour l'amateur d'arme à feu imprimée en 3D, mais de vérifier s'il y avait matière à s'inquiéter quant à l'existence de ces nouvelles armes, d'un point de vue technique et aussi bien que légal.
"Une commande contrevenant à l’ordre public"
Nous avons choisi de produire un Liberator, la première arme du genre, conçue par Cody Wilson, qui a diffusé ses plans en 2013. Notre choix s'est arrêté sur ce pistolet, composé de 15 pièces, car il est facile à réaliser et à assembler pour des novices. La justice américaine a beau avoir suspendu l'autorisation de diffusion de ces plans en août 2018, il nous a fallu cinq minutes pour trouver et télécharger ceux du Liberator sur internet.
Il a ensuite fallu trouver un moyen d'imprimer ces pièces. Le type de plastique nécessaire a limité nos options : acheter ou louer une machine s'avérant trop cher, il a fallu se tourner vers des imprimeurs 3D professionnels, comme il en existe aujourd'hui beaucoup. Nous en avons contacté une trentaine, par e-mail ou sur des plateformes spécialisées, en prenant un nom d'emprunt.
Une fois les fichiers du Liberator transmis en ligne, nombre de ces prestataires ont refusé notre demande d'impression, via plusieurs e-mails au ton sec : "Bonjour, au vu des fichiers reçus, il ne sera pas possible d’imprimer cet objet car il ressemble à une arme", écrit un imprimeur. Un autre nous répond : "Selon la législation française, il est formellement interdit de posséder une arme à feu. [Notre entreprise] se réserve le droit de refuser une commande contrevenant à l’ordre public ou aux bonnes mœurs."
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