En 1947, tirant les leçons du désastre de Pearl Harbor en décembre 1941 et de l’incapacité des services secrets américains à prévoir l’attaque japonaise, Truman crée la CIA et la place sous son autorité directe.
Sa fonction ? La collecte clandestine de renseignements à l’étranger et le contre-espionnage extérieur dans les domaines politiques, militaires, économiques et scientifiques. Très vite, la CIA échappe à l’autorité présidentielle et obtient d’être le seul service chargé des « opérations subversives à l’étranger ».
Son terrain de prédilection ? Intervenir là où la diplomatie s’avère insuffisante et l’action militaire contre-indiquée, dans des pays où elle considère les intérêts américains menacés.
Manœuvres de guerre psychologique, financement des partis politiques pro Etats-Unis, actions contre les syndicats ou les oppositions, soutien aux coups d’Etat, entraînement de mercenaires ou de bandes armées : les opérations spéciales et secrètes vont se multiplier sans discontinuer dès le début des années 50. Mossadegh est renversé en Iran, ainsi qu’Arbenz Guzman au Guatemala. L’assassinat sauvage de Patrice Lumumba au Congo met directement en cause les services secrets américains.
Mais sous la présidence de John Kennedy, la CIA essuie ses premiers gros échecs : le débarquement de la baie des Cochons et les tentatives d’élimination de Fidel Castro. Le Président tente alors d’anéantir l’Agence, lourdement discréditée. La mort de JFK, le renversement d’Allende au Chili, la débâcle vietnamienne, l’opération Chaos - la mise sur écoute de milliersde civils américains – et l’enquête sur le scandale de Watergate mettent un coup d’arrêt aux activités clandestines, pour un temps du moins. Le Congrès décide de museler la CIA en instaurant le Prohibition Act, l’interdiction de tuer, dans l’espoir de mettre fin aux activités subversives de l’Agence.
Truman regrettera la création de l’Agence des années plus tard. Dans une lettre à un ami, en 1960, il écrira : « J’avais créé la CIA pour qu’elle fournisse toute l’information disponible au président,
pas pour qu’elle se transforme en agence internationale engagée dans des activités douteuses, des assassinats ou des renversements de gouvernements. Si j’avais su… ».
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