## Comment BFMTV, Fogiel et Elkrief ont participé à l’opération « Sauver Sarko »

Le 10 juillet 2024, Mediapart a révélé une série de SMS et de conversations téléphoniques démontrant comment BFMTV, ainsi que plusieurs de ses journalistes de premier plan, ont contribué à un plan de communication en faveur de Nicolas Sarkozy. Cette révélation, basée sur des données obtenues par les juges d'instruction enquêtant sur la fausse rétractation de Ziad Takieddine, a suscité un malaise considérable dans le paysage médiatique français.

Tout commence le 16 octobre 2020, lorsque l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy est à nouveau impliqué dans l'affaire du financement libyen. À ce moment, Ruth Elkrief, alors figure emblématique de BFMTV, envoie un message de soutien à Véronique Waché, l'attachée de presse de Sarkozy, offrant d'aider à façonner la communication autour de l'ancien président. Ce message marque le début d'une série d'échanges coordonnés visant à défendre Sarkozy.

Le 11 novembre 2020, Ziad Takieddine, un intermédiaire clé dans l'affaire, se rétracte et exonère Nicolas Sarkozy dans une déclaration diffusée par BFMTV. Cette rétractation, selon les enquêteurs, aurait été achetée pour plusieurs centaines de milliers d'euros. Immédiatement, Véronique Waché sollicite Marc-Olivier Fogiel, directeur général de BFMTV, pour organiser une interview exclusive de Sarkozy. Les échanges entre eux révèlent une proximité troublante et une volonté manifeste de coordonner les efforts de communication.

Pendant la diffusion de l'édition spéciale sur la rétractation de Takieddine, les journalistes de BFMTV échangent des messages en direct avec l'attachée de presse de Sarkozy. Bruno Jeudy, un des éditorialistes, critique sa collègue Sarah-Lou Cohen pour sa prudence, illustrant l'ambiance tendue et la collusion au sein de la chaîne.

L'interview de Nicolas Sarkozy par Ruth Elkrief, diffusée le 13 novembre, bien que tendue en apparence, est finalement saluée en interne. Les échanges post-interview montrent que l'équipe de communication de Sarkozy est satisfaite du résultat, indiquant un alignement surprenant entre le média et la stratégie de défense de l'ancien président.

Marc-Olivier Fogiel et Ruth Elkrief, interrogés par Mediapart, ont tenté de minimiser l'impact de ces révélations. Fogiel a affirmé que les équipes de BFMTV travaillent en toute indépendance, tandis que Elkrief a justifié ses actions comme une opportunité journalistique. Cependant, les SMS révèlent un autre aspect de cette relation, remettant en question l'intégrité et l'indépendance journalistique de la chaîne.

Les réactions à ces révélations ont été vives, tant de la part des journalistes que des politiques. Le député LFI Aurélien Saintoul a critiqué BFMTV pour son rôle supposé dans le soutien à Sarkozy, soulignant une collusion perçue entre les médias et le pouvoir.

Ces révélations jettent une lumière crue sur les relations entre les médias et les figures politiques en France, posant des questions cruciales sur l'indépendance journalistique et la manipulation de l'information à des fins politiques.

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