Retourner le sol est aujourd’hui remis en cause par un certain nombre qui prônent un émiettage superficiel à l’aide de fourches aératrices (type Grelinette). Dans cette vidéo qui constitue l’intégralité de la rubrique « Paroles d’Experts » de la grande émission podcast « Bienvenue au Jardin » N°28, Patrick Mioulane et Roland Motte, les présentateurs jardiniers de NewsJardinTV débattent d’un point de vue technique et pratique sur ce sujet.
Roland est catégorique : il ne retourne pas le sol, sa raison première étant que c’est fatigant ! La terre de son jardin étant très régulièrement travaillée, il se contente d’utiliser une griffe rotative (Rotogrif). Toutefois il possède une bêche, mais il l’utilise essentiellement pour creuser les trous de plantation. Sa conclusion : « travailler la terre, oui, mais la retourner, non ».
Patrick adopte une position plus mitigée. Il admet que les sols travaillés régulièrement qui sont devenue de la « terre franche » friable et riche, n’ont plus besoin d’être travaillés en profondeur et là, le griffage suffit. En revanche, dans les terrains « abandonnés » ou entretenus irrégulièrement dont la terre est très dure, un ameublissement plus profond et nécessaire. Dans ce cas, l’emploi d’une motobineuse constitue un gain de temps et d’efforts considérable.
Le rédacteur en chef de NewsJardinTV argumente sur le labour (ne pas confondre celui du jardin avec le labour agricole) qui ne descend pas à plus de 20 cm de profondeur. Retourner la terre permet d’enfouir la végétation spontanée et par conséquent de réduire la levée des herbes sauvages indésirables (adventices annuelles surtout). Le labour permet d’exposer à l’air libre des racines profondes que l’on peut alors éliminer plus facilement à la main. Roland insiste sur le fait que la décomposition organique se fait mal si les matières sont trop enterrées.
La fourche aératrice de type Grelinette ne fait que briser les mottes et laisse en place la végétation spontanée. Et puis, même si la mode actuelle est au « compostage de surface », Patrick n’est pas « fan » de la méthode, beaucoup moins efficace à son avis que l’enfouissement (peu profond) des amendements.
Autre avantage du bêchage, l’incorporation facile des engrais « de fond » qui agissent en douceur et sur la durée. Par ailleurs après le bêchage, la terre absorbe mieux les précipitations et l’eau pénètre mieux en profondeur (elle ruisselle sur les terres dures), mais c’est également le cas pour les racines des végétaux que l’on plante après avoir labouré.
Dernier point fort du labour : il laisse une surface « propre » qui donne au jardin un aspect plus avenant, même si la terre nue présente quelques défauts (mais on ne la laisse ainsi que durant l’hiver).
Roland intervient en disant que peu de jardiniers amateurs sont vraiment concernés par le labour. Il est quasi inutile dans les jardins d’ornement une fois les plantations en place. Côté potager, il faut vraiment cultiver une grande surface pour avoir besoin de retourner le sol. Dans le concept moderne de « carrés potagers » préconisé par notre jardinier vittellois, mais aussi dans un concept de permaculture, la situation ne s’y prête pas.
Pour tout vous dire, Roland possède quand même une petite motobineuse qui lui permet de préparer le terrain dans les endroits difficiles, la machine étant très efficace pour « casser la croûte ». Patrick confirme ces propos, les couteaux de la motobineuse pénétrant le sol de manière beaucoup moins contraignante que la bêche. Nos experts évoquent les tout petits modèles légers et maniables, beaucoup plus efficaces qu’il n’y paraît et souvent bien suffisants dans un jardin familial.
Roland ne peut éviter l’argument selon lequel la petite faune du sol qui vit près de la surface se trouve bouleversée par le labour, ce que réfute Patrick, les « cataclysmes » provoqués par la fourche aératrice produisant des effets similaires à ceux d’un bêchage « raisonné ».
Nous espérons que ces conseils vous seront utiles et que vous aurez passé un bon moment en compagnie de nos experts.
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