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Interview de Christophe Boucaux - Directeur de la maîtrise d'ouvrage et du patrimoine, et les propositions de la Fédération Française du Bâtiment pour réussir la transition énergétique.
Les organismes HLM ont cette spécificité d’être des maîtres d’ouvrage bâtisseurs mais également des gestionnaires de long terme. Aujourd’hui, un bâtiment que nous construisons, nous allons le gérer pendant 50, 60 ans. A l’évidence, il nous faut aujourd’hui intégrer les changements qui vont survenir à l’échelle climatique notamment.
Mais d’autres transitions sont aujourd’hui à l’œuvre : les transitions démographiques, les transitions de la cellule familiale, les transitions territoriales… Donc il nous appartient aujourd’hui effectivement, dans nos manières de réfléchir l’habitat, dans notre manière de concevoir nos opérations, leur intégration dans l’environnement urbain, de prendre en compte l’ensemble de ces dimensions et d’anticiper les mutations, les transformations qui vont intervenir.
Sur le sujet spécifique du dérèglement climatique, à l’évidence, cela doit nous obliger à reconsidérer, ou en tous cas à étudier avec beaucoup plus d’attention, la manière dont nous allons pouvoir intervenir de manière ultérieure sur nos bâtiments. De manière à finalement pouvoir adapter à l’ouvrage, à l’environnement auquel il va être confronté. Des études très sérieuses démontrent que, dans les hypothèses plus ou moins optimistes, le climat de Paris pourrait être celui de Toulouse en 2050 ou celui de Madrid en 2070. Or aujourd’hui nous construisons des bâtiments qui s’attachent à réduire les besoins de chauffage, qui s’attachent à rendre beaucoup plus performante l’étanchéité à l’air, causant ou pouvant amener à ce que nous ayons certaines difficultés à gérer les conforts d’été.
Donc tout cela doit nous inviter, au fond, à faire évoluer nos modèles de pensée, à faire évoluer le cas échéant les modèles réglementaires, de telle sorte de permettre aux acteurs de la construction de concevoir et de mettre en œuvre des bâtiments qui soient adaptables au fil de l’eau. Adaptables sur le plan de leurs performances eut égard aux environnements climatiques.
Nous avons affaire aujourd’hui à des bâtiments qui sont extrêmement performants sous l’angle des consommations, et donc on s’aperçoit que ce qui va faire l’objet d’une attention toute particulière et qui doit nous mobiliser dans les prochaines années, c’est la manière dont nous allons pouvoir maitriser l’empreinte environnementale des bâtiments sur l’ensemble du cycle de vie.
Il s’agit finalement de ne plus prendre ces enjeux comme un champ de contraintes mais plutôt comme des opportunités. A nous de faire en sorte que ces enjeux puissent guider des comportements qui visent à inscrire des actions quotidiennes qui témoignent d’une sobriété énergétique joyeuse.
