Les cellules souches jouent un rôle essentiel au cours du développement embryonnaire et de la réparation tissulaire car elles constituent un réservoir de cellules capables de générer tous les types cellulaires différenciés constituant les organes et tissus fonctionnels. Dans certaines leucémies, il a été prouvé que seules quelques cellules, représentant moins de 1% des cellules tumorales, étaient à l’origine de la tumeur, de sa diversité cellulaire et de sa progression dans l’organisme. Ces cellules souches cancéreuses résistent mieux aux drogues et aux radiations et elles ont des temps de repos, de non-division qui favorisent leur échappement aux traitements anticancéreux antiprolifératifs, et seraient à l’origine de récidives tumorales.

Le rôle de cellules souches cancéreuses est aussi proposé pour expliquer la résistance aux traitements, la propagation métastatique et les récidives dans les tumeurs solides. Dans les carcinomes (cancers des tissus épithéliaux) tels que le cancer du sein ou de la prostate, la présence de cellules tumorales ayant acquis certains caractères de cellules souches embryonnaires est relié au potentiel métastatique de la maladie et finalement à sa gravité. Ces cellules, recherchées dans la circulation sanguine, pourraient être un indicateur de diagnostique important. Dans les sarcomes (cancers des tissus conjonctifs) tels que les tumeurs osseuses primitives, l’identification et la compréhension des niches environnementales qui permettent la survie ou l’activation de ces cellules souches cancéreuses permettraient de développer des thérapies plus efficaces.

La nécessité de cibler la cellule souche cancéreuse pour éradiquer le cancer apparaît comme une évidence. Cependant les travaux de recherche récents mettent en évidence que les cellules cancéreuses exécutent des programmes de différenciation/prolifération comme les cellules souches normales, s’appuyant parfois sur des processus embryonnaires, mais aussi des programmes de dédifférenciation (retour vers un état souche). Cette plasticité cellulaire est sous le contrôle non seulement de facteurs intrinsèques (lésions oncogéniques) mais aussi extrinsèques (micro-environnement tumoral). Dans ce cas, cibler la cellule souche cancéreuse pour guérir le cancer n’est pas suffisant mais bloquer la cellule cancéreuse dans un état sensible à une thérapie anticancéreuse donnée pourrait améliorer le traitement du cancer.

Chercheurs invités :
- Valérie Trichet est MCU à l’Université de Nantes, spécialiste des cellules souches tumorales ;
- Sophie Barillé est chercheure à l'INSERM, spécialiste en cancérologie.

Animateurs :
- Patricia Lemarchand
- Damien Aubert

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