Si le Maroc connaît depuis plusieurs années des investissements directs étrangers pour les grands projets d’infrastructure, le pays reste pourtant caractérisé par le mal-développement, estime l’économiste et membre de Transparency Maroc, Fouad Abdelmoumni.
Dans cet entretien, il revient sur ce qu’il estime être les raisons pouvant expliquer ce mal-développement, tels que l’accaparement des richesses par l’Etat marocain et des choix politiques privilégiant une économie tournée vers l’export plutôt que vers le développement intérieur du pays.
Économiste, connu pour son action dans le domaine du micro-crédit. Fouad Abdelmoumni a été directeur de l’ONG Al-Amana de 1997 à 2010, secrétaire général de Transparency Maroc et vice-président de l’Association marocaine des droits humains.
00:00:00 : Introduction
00:00:09 : Question 1 - Au Maroc, l’économie est une ressource importante du maintien au pouvoir des acteurs politiques. Certains parlent même d’une collusion d’intérêt.
Quels impacts ont eu la pandémie de la COVID et la guerre russo-ukrainienne sur l’économie du pays ?
00:02:04 : Question 2 - Malgré des grands projets d’infrastructure qui émergent un peu partout dans le pays (port de Tanger, construction d’autoroutes, construction de lignes de TGV etc.), le pays reste caractérisé par le mal-développement avec un faible taux de croissance sur les vingt dernières années. Comment expliquez-vous ce paradoxe ?
00:04:43 : Question 3 - Selon une enquête publiée par le Haut Commissariat au Plan en 2021, le problème serait la distribution des richesses. Les 20% de la population les plus aisés détiendront 53,3% des revenus des ménages.
Quelle est votre lecture de ce phénomène, qui corrobore aussi les tendances à l’échelle internationale ?
00:08:49 : Question 4 - Historiquement, l’économie marocaine était dominée par le secteur agricole qui employait près de 33,2% de la population. Est-ce toujours le cas aujourd’hui, à l’heure où le Maroc devient de plus en plus un pays victime de l’accaparement des terres et des ressources par des entreprises étrangères ?
00:12:33 : Question 5 - Depuis quelques semaines, le Maroc a connu des manifestations sporadiques dénonçant le déclin du pouvoir d’achat des Marocains dans plusieurs villes et la détresse de la jeunesse face à cette situation économique. Le 27 mars dernier, le dramaturge Ahmed Jawad s’est immolé par le feu donnant pour motif l’exclusion sociale et la marginalisation. Ces scènes rappellent étrangement l’immolation de Mohamed Bouazizi en décembre 2010 en Tunisie qui a été l’élément déclencheur de la révolution dans ce pays.
Faut-il craindre un embrasement général au Maroc, dans la mesure où le pays a connu, par le passé, des manifestations socio-économiques et politiques avec le mouvement du 20 février ?
00:16:50 : Question bonus - Depuis la normalisation du Maroc avec Israël, ces deux pays ont signé plusieurs contrats de coopération dans différents domaines (aérospatial, secteur de l’énergie pour l’exploitation de l’hydrogène vert, etc.).
Comment analysez-vous le rapprochement sur le plan économique entre ces deux pays ?
