Lecture du chantpoème « Mon frère, je marche dans tes ruelles » de / par le chantpoète Jean-Claude Cintas invité à Fès par Myriam Geneviève Benkerroum Devidet, Présidente de l’UFE Fès Meknes Oujda Maroc (Union des Français de l'Etranger).
Chantpoème extrait du livre et film « Fès ma belle, ma délicieuse », écrit et réalisé par Jean-Claude Cintas.
« Je marche dans les ruelles
Me cache des rayons du soleil
Je longe les ruelles
Caresse ses murs plantés jusqu’au ciel
Ces murs "muraillant" la demeure
Je marche dans les ruelles d’un pas qui m’oblige
Je marche en ses dédales, le long de venelles
et d’impasses coudées que parfois le soleil transperce,
tranchant l’ombre d’estocades de lumière
Je marche, oui
Et sous mes pas, les ruelles se dérobent
comme des djellabas que la fraicheur soulève
Je marche
De pas en pas
De pas à pas qui m’entraînent
Ah oui, je marche
Me serait-il possible de m’y poser ?
De m’y arrêter ?
Je marche attiré que je suis dans l’infini dédale
J’y marche
J’y perds mes pas et cependant m’y retrouve en moi-même
Dans cette fuite insensée, je me croise en des temps andalous
Je marche, oui
Oui je marche ma belle Andalouse
Toi qui t’offres depuis des siècles aux passants cheminant
Je marche ici, chez toi
Je passe aussi
Je marche sans m’y perdre
Aurais-je vécu, déjà, en ces lieux ?
Me serais-je déjà croisé moi-même ?
M’auraient-ils eux-mêmes déjà croisés ?
Les aurais-je déjà foulés ?
Je marche dans leur légère poussière
Je marche,
Ivre et lucide,
Ici, ces ruelles sont mes babouches !
Ô ! ami, toi qui te perds comme moi, sur le chemin
Ô ! ami, comme toi « Je ne suis ni chrétien,
ni juif, ni guèbre, ni musulman ;
je ne suis ni d'Orient, ni d'Occident,
ni de la terre, ni de la mer »
Je suis de Fès et de nulle part
Je suis ton frère qui marche à tes côtés comme tu marches aux miens
la main dans la main de mon frère »
Prends la théière
Soulève, soulève le berràd, soulève-le
Ebouriffe le thé, fais jaillir son arôme et grise nos sens
Un peu de chaleur mentholée après une journée de labeur… Hum !
Bois, bois le thé, mon frère, chrob a khouya, chrob
Fais tourner la toupie de la vie
Laisse tourner la terre dans sa ronde absolue
Mais,
« Ce n’est pas moi qui parle, c’est Fès qui m’habite ! »
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Hermano, camino por tus callejones
« ¿ Viví en estos lugares ?
¿ Me crucé a mí mismo ? »
My brother, I walk through your alleyways
« Might I have already lived in this place ?
Might I have crossed paths with myself ? »
![](https://i.ytimg.com/vi/b5BuSAiWito/maxresdefault.jpg)