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Le spectre Rien levait sa tête hors du gouffre.
Soudain, du coeur de l'astre, un âpre jet de soufre,
Pareil à la clameur du mourant éperdu,
Sortit, clair, éclatant, splendide, inattendu,
(Et,) découpant au loin mille formes funèbres,
Enorme, illumina, jusqu'au fond des ténèbres,
Les porches monstrueux de l'infini profond.
Les angles que la nuit et l'immensité font (apparurent).
Satan, égaré, sans haleine,
La prunelle éblouie et de ce rayon pleine,
Battit de l'aile, ouvrit les mains, puis tressaillit
Et cria:" Désespoir! le voilà qui pâlit!"
(Et) l'archange comprit, pareil au mât qui sombre,
Qu'il était le noyé du déluge de l'ombre;
Il reploya ses ailes aux ongles de granit,
Et se tordit les bras, et l'astre s'éteignit.
(Or,) près des cieux, au bord du gouffre où rien ne change,
Une plume échappée à l'aile de l'archange
Etait restée, (et) pure et blanche, frissonnait.
L'ange au front de qui l'aube éblouissante naît,
La vit, la prit, et dit, l'oeil, sur le ciel sublime:
" (Seigneur,) faut−il qu'elle aille, elle aussi, dans l'abîme? "
Victor Hugo " La Fin de Satan " ( Hors de la Terre I * Et Nox Facta Est* VIII-IX).
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