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On ne cesse d'entendre qu'il faut à tout prix éviter une deuxième vague de l'épidémie de coronavirus. La raison principale est simple, en cas de retour en force du Covid-19, les hôpitaux pourraient être très rapidement surchargés. Une surcharge qui devra être supportée par les médecins, infirmiers et tous les membres du personnel soignant.
Or depuis plusieurs semaines, lorsqu'on évoque les actions des services de santé, nombreux sont ceux qui utilisent des termes guerriers comme "au front", "en première ligne", "combattre la maladie". Mais qui dit guerre, dit aussi traumatisme et plus particulièrement syndrome de stress post-traumatique. Un syndrome qui menace aussi tous ces héros de l'épidémie de coronavirus.
Dans l'émission CQFD de mardi, l'infectiologue et nouveau porte-parole du Centre de crise interfédéral Yves Van Laethem expliquait que de nombreux membre du personnel soignant ont besoin de repos : "Je ne suis pas certain qu'on s'intéresse assez à l'épuisement du personnel soignant. On s'intéresse beaucoup à la disponibilité des lits et des machines mais je pense qu'il est très important de s'intéresser à l'état de santé du personnel lui-même. Un personnel qui a du mal à se remettre de ses efforts non seulement physiques mais aussi psychologique auxquels il est confronté".
Il ajoute : "Je pense qu'il y a effectivement beaucoup de gens (personnel de soin de santé) qui ont besoin de quelques semaines de paix relative et ne plus être confrontés à la souffrance et aux décès comme il l'ont été les six dernières semaines. Je pense que c'est un point qui est difficile à prendre en compte mais il faudra le prendre en compte d'une manière ou d'une autre".
Depuis le début de l'épidémie en Belgique, nos soignants sont en effet confrontés à des situations auxquelles ils ne sont pas habitués. Si la mort fait partie du quotidien d'un hôpital ou d'un home, ce sont évidemment les proportions et la rapidité avec lesquels les patients décèdent qui sont le plus choquant pour les soignants. Qui plus est, l'absence de cérémonie funéraire traditionnelle et la non-présence des familles peut générer un sentiment de déshumanisation des victimes qui peut être traumatisant. Toutes ces circonstances peuvent pousser le personnel de soin à refouler ses sentiments à cause de cette "habitude" d'être confronté à la mort. Un rejet qui est une bombe à retardement pour la santé mentale des soignants.
Cette crainte d'une multiplication des cas de syndrome post-traumatique est encore plus justifiée qu'elle a déjà été observée pendant d'autres épidémie et même déjà lors de celle que nous connaissons actuellement. La Chine a déjà prévenu, il est indispensable de protéger les soignants des conséquences psychologiques sur le long terme pour contrôler la pandémie.
Cette crainte est elle aussi partagée par Xavier Noël, professeur de psychopathologies à l’ULB et chercheur qualifié FNRS : " Le risque est immense, si rien n'est fait alors un membre du personnel soignant sur deux est susceptible de développer des symptômes de stress post-traumatique. Ces symptômes ce sont notamment des peurs intenses, des réactions physiologiques fortes comme la tachycardie ou la transpiration, des difficultés de concentration, des troubles du sommeil ou encore des flashbacks qui font revivre le traumatisme vécu. Autant dire des symptômes qui amèneront à des incapacités de travail".
L'absence d'une grande partie du personnel soignant serait une catastrophe pour gérer une éventuelle deuxième vague de l'épidémie de coronavirus. Or c'est maintenant qu'il faut agir pour aider nos soignants. Une aide et un accompagnement psychologique sont indispensables, comme l’explique Xavier Noël : " Il faut une organisation de soutien psychologique dans les hôpitaux. Que ce soit par des professionnels ou des groupes de parole ou de l'assistance téléphonique. C'est d'ailleurs une recommandation de l'OMS. Mais attention, cette aide psychologique doit être mise en place par le personnel de santé mentale de l’hôpital (psychologues, psychiatres, ...) et non pas par les ressources humaines de l'établissement car le risque est que les soignants n'osent pas se confier totalement. Il faut aussi des pauses systématiques dans les horaires du personnel ".
Cette aide psychologique pour le personnel soignant, elle doit se mettre en place rapidement si elle n'existe pas encore. Xavier Noël préconise aussi une autre approche du travail de la part des psychologues : " Les psychologues ne doivent pas attendre que les membres du personnel soignant aillent vers eux. Il faut inverser la démarche et aller à leur rencontre et peut-être, même, les forcer à se confier ".
Le dernier effort dans cette lutte contre le risque de syndrome post-traumatique doit donc venir (une fois encore) du personnel soignant lui-même. Il doit prendre le temps de parler et de s'ouvrir
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