Le traitement indigne des exilés en France, dans une période d’extrême tension liée aux discours décomplexés d’une extrême droite omniprésente, continue de mobiliser les associations humanitaires malgré les intimidations répétées des forces de l’ordre et du gouvernement. Les militants résistent. Parmi eux, Geneviève Jacques, ancienne présidente de La Cimade, est l’invitée de #LaMidinale.
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Sur la France comme terre d’accueil
« La France n’est pas une terre d’accueil comme elle devrait l’être. »
« Nous sommes dans une situation très particulière actuellement avec une forme de maltraitance administrative et d’inhumanité dans le fonctionnement des préfectures et des politiques comme on l’a rarement vu avant. »
« Il y a des idées toxiques et pourries qui polluent l’atmosphère. »
« Sur un certain nombre de terrains, dont Calais est un exemple caricatural, on ne peut pas dire que la France soit à la hauteur de sa réputation et de ce qu’elle prétend être en tant que terre d’asile. »
« Les obstacles s’intensifient au prix d’une inhumanité qui nous sidère. »
« On est halluciné de voir dans quelles conditions sont traités les êtres humains et quelle humiliation ça représente. »
« On est en colère. »
« Les autorités pensent que l’inhospitalité et l’inhumanité empêchera la France de devenir attractive. »
« C’est pas parce qu’il y aura des lieux dignes et des lits confortables à Calais que les gens viendront plus. Ça n’est pas ça qui fait venir les gens. »
Sur la criminalisation de la solidarité
« Ce qu’il se passe à Calais en ce moment avec les grèves de la faim et les actions des associations prouve qu’il y a beaucoup de citoyens qui veulent résister et qui considèrent que la situation est intolérable. »
« La manière dont on traite des familles, des femmes et des enfants est inacceptable. »
« On ne peut pas accepter les inégalités entre les êtres humains. »
« Il y a une tentation des pouvoirs nationaux et locaux à criminaliser la solidarité mais ça n’empêche pas les associations de continuer leurs combats. »
« On parle de gens qui se trouvent en danger à cause des politiques migratoires et leur seul crime c’est de pouvoir vivre dignement dans nos pays. »
Sur les déplacements de population
« La réalité migratoire ne va pas cesser, bien au contraire et c’est même l’histoire de l’humanité. »
« Le dénie de cette réalité conduit à des situations de morts à nos frontières. »
« Il faut repenser les mobilités humaines. »
« Il faut accueillir et écouter. »
« Il nous faut imposer un changement de regard face aux migrations. »
« Les discours d’enfermements nationalistes sont non seulement inacceptables sur un plan démocratique mais en plus sont irréalisables. »
« Ce qu’on pourrait espérer, c’est une analyse et une conception de la coresponsabilité de tous les pays vis-à-vis de la marche du monde. »
« Nous avons une co-responsabilité à repenser notre rapport aux migrations. »
« Il serait grand temps de prendre conscience que les questions de mobilités humaines sont une problématique qui concerne tout le monde - à commencer par la France qui est traditionnellement un pays d’immigration. »
« On a tous des ancêtres qui viennent d’ailleurs. »
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Sur la gauche
« Ce que l’on attend de ce que devrait être la gauche, c’est le courage de considérer les questions migratoires comme des questions essentielles de démocratie et non pas de caler ses discours sur la droite ou l’extrême droite. »
« Il faut que la gauche arrête la compétition avec la droite et l’extrême droite sur les questions de sécurité parce que c’est à l’aune du traitement des personnes étrangères et des personnes les plus vulnérables que l’on juge de la solidité de nos démocraties et qui est de gauche et qui ne l’est pas. »
« Je veux dire aux candidats et aux candidates de gauche à l’élection présidentielle : ayez le courage de tenir des paroles de vérité sur la réalité des mouvements migratoires et la nécessité d’accorder un respect de la dignité des personnes qui sont là (…) sans peur des réactions excessives de l’extrême droite. »
Sur l’état du débat public
« Il y a une survalorisation médiatique du monsieur Z et des discours lepénistes qui ne correspondent pas forcément à la réalité. »
« L’anxiété par rapport à l’avenir - les épreuves de la vie comme le dit Pierre Rosanvallon - affaiblit le tissu collectif : les gens se renferment sur leurs peurs. »
« Si aujourd’hui on refuse de l’aide à une famille qui vient d’Afrique, demain on la refusera à quelqu’un qui a mauvaise mine ou qui n’a pas le bon genre. »
« A partir du moment où l’on fait des différences entre les gens qui sont là et qui ont faim, on est sur une très mauvaise pente. »
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