Les autorités du Burkina Faso ont annoncé mardi 18 juin la suspension pour six mois de la chaîne francophone TV5 Monde, accusée de diffuser des contenus jugés "propos tendancieux". Cette décision fait suite à une émission ayant abordé la situation sécuritaire du pays, sur fond de démenti de l'armée concernant des rumeurs de mutinerie après une attaque jihadiste meurtrière à Mansila, une semaine auparavant.
Le Conseil supérieur de la Communication (CSC) a condamné TV5 Monde à une amende de 50 millions de francs CFA (environ 76 000 euros), citant spécifiquement une édition du journal télévisé où Newton Ahmed Barry, critique du régime militaire actuel, était invité. Dans cette émission, des propos jugés malveillants et tendancieux ont été relevés, accusant les autorités de minimiser les efforts de sécurité et de reconquête territoriale.
Depuis l'arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré lors d'un coup d'État en octobre 2022, plusieurs médias étrangers, principalement français, ont été temporairement ou définitivement suspendus.
En parallèle, des instructeurs russes, qualifiés de mercenaires de Wagner selon certaines sources, sont récemment arrivés à Ouagadougou depuis le Mali, en réponse à l'attaque de Mansila revendiquée par le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaïda.
Malgré les affirmations officielles des autorités burkinabè sur l'absence de mutinerie, des rumeurs persistantes circulent sur les réseaux sociaux depuis plusieurs jours. TV5 Monde avait déjà été suspendue en avril pour avoir diffusé un rapport critiquant les exactions présumées de l'armée contre des civils, une mesure qui avait également affecté plusieurs sites d'informations.
Le Burkina Faso, tout comme le Mali et le Niger voisins, fait face depuis près d'une décennie à des attaques jihadistes ayant causé la mort de plus de 20 000 personnes et le déplacement de deux millions d'autres. Bien que les autorités revendiquent des victoires contre les groupes jihadistes, des zones du territoire demeurent hors de leur contrôle effectif.
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