Immunothérapie par CAR-T cells : du traitement des hémopathies malignes à celui des maladies cardiaques ?
Philippe Menasché. Service de Chirurgie Cardiovasculaire, Hôpital Européen Georges Pompidou, APHP ; Université Paris Cité, Inserm, PARCC, F-75015 Paris, France.
L’introduction des Chimeric Antigen Receptor (CAR)-T cells en clinique a été un véritable tournant dans la prise en charge de certaines hémopathies malignes de mauvais pronostic en permettant des rémissions complètes et durables. Le principe est d’utiliser des lymphocytes, le plus souvent autologues, et de les modifier génétiquement ex vivo pour leur faire co-exprimer un anticorps spécifique d’un antigène tumoral et un signal d’activation déclenchant une production de molécules cytotoxiques et permettant ainsi de neutraliser la cellule maligne une fois cet antigène reconnu.
L’efficacité des CAR-T cells en hématologie est telle que l’on a cherché à élargir leurs indications aux tumeurs solides et aussi d’envisager des applications dans le domaine cardiaque. En effet, l’identification dans la fibrose, composante majeure et aggravante des cardiopathies parvenues à un stade avancé, d’une protéine FAP (Fibroblast Activation Protein) fortement surexprimée a conduit à explorer les effets des CAR-T cells dirigés contre cette protéine. Les premiers résultats expérimentaux dans un modèle murin de cardiopathie hypertensive ont validé leur efficacité pour diminuer la fibrose myocardique et améliorer la fonction cardiaque. Il faut maintenant confirmer ces résultats encourageants, vérifier l’absence de toxicité (relargage cytokinique, complications neurologiques, effets secondaires de la lympho-déplétion) et envisager une simplification de la production ex vivo qui est actuellement trop longue, complexe et très coûteuse.
Cette simplification serait possible en capitalisant sur la technologie qui s’est révélée efficace pour développer des vaccins anti-Covid 19 et reposerait sur l’utilisation de nanoparticules lipidiques ciblant les lymphocytes T pour leur transférer in vivo l’ARN messager codant pour la protéine ciblée.
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