Toujours manipulé ou malmené par le pouvoir, le cinéma occupe une place à part dans ce pays. Instrument de propagande sous Lénine, censuré sous Staline, dégelé à la Perestroïka, il semble aujourd’hui sinistré sous Poutine. Un nouveau Tsar qui n’hésite pas à s’afficher en grand sur la devanture d’un énorme multiplexe en plein Moscou.
Entre un mauvais cinéma populaire et des rares films d’auteur, le 7ème art russe est tiraillé à l’image d’un pays qui se cherche.
A la grande époque, l’Union Soviétique comptait 22000 salles de cinéma. Aujourd’hui il n’en reste que 1800 en activité. Alors la majorité des russes se goinfre de blockbusters américains sur DVD et les autres se noient dans des films passéistes.
Dans ce film aux lumières glacées, le réalisateur dresse un portrait inédit de ce pays immense à travers des passionnés qui portent à bout de bras les dernières salles de cinéma.
A Moscou où l’on cultive la nostalgie d’un pays qui n’existe plus dans un incroyable cinéma panoramique où ronronnent 11 projecteurs. À Mourmansk la sibérienne où, par -25°, se terre une génération alternative. Dans la cité des sous-marins nucléaires, loin de la réalité autoritaire de Poutine, des jeunes cinéastes produisent d’improbables séries B qu’ils diffusent dans des caves .
À Samara, près de la frontière du Kazakhstan, où le cinéma est toujours itinérant et une affaire de propagande. Et dans la plus grande réserve de films du pays, à Nijni-Novgorod, où l’état a décidé de jeter les bobines à la poubelle. Pour les apparatchiks de Poutine, le cinéma est devenu inutile.
Première Diffusion le 15/06/2012
Un film de Stéphane Carrel
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