Dans la nuit du 23 au 24 novembre, 27 migrants – 31 selon l'association Utopia 56 – sont décédés aux confins des eaux territoriales françaises et britanniques après le naufrage de leur embarcation. Selon les deux rescapés, plusieurs appels aux secours ont été passés dans la nuit. Pourtant, les sauveteurs n'ont été dépêchés que le lendemain vers 14h. Une information judiciaire a été ouverte vendredi au parquet de Paris. Que s’est-il passé cette terrible nuit du 23 au 24 novembre au large des côtes de Dunkerque (Nord) ? Le naufrage qui a coûté la vie à 27 migrants, parmi lesquels deux mineurs, aurait-il pu être évité ? C’est tout l’objet d’une plainte déposée vendredi par l’association d’aide aux migrants Utopia 56 pour « homicide involontaire » et « omission de porter secours » à l’encontre du préfet maritime de la Manche, des sauveteurs du Cross, le centre régional de surveillance et de sauvetage et les gardes-côtes britanniques. « Notre objectif est de faire la lumière sur ce qu’il s’est réellement passé cette nuit-là, confie Me Emmanuel Daoud, l’avocat du collectif. Tout laisse à penser que les premiers appels de détresse ont eu lieu entre 2 et 3h du matin, pourquoi les secours ont-ils été envoyés à 14h ? » La plainte, que 20 Minutes a pu consulter, se fonde notamment sur les témoignages des deux seuls rescapés. Ces derniers ont confié au média kurde Rudaw avoir appelé, en vain, les secours à plusieurs reprises tout au long de la nuit. Selon leurs récits, trois heures après être partis sur un bateau à moteur des environs de Dunkerque pour rejoindre l’Angleterre, le gonfleur droit du bateau a explosé et l’eau a commencé à s’infiltrer dans l’embarcation. « Nous avons appelé la police française en disant "aidez-nous, notre pompe ne fonctionne plus" et ils ont dit "vous êtes dans les eaux britanniques", a notamment raconté l’un d’eux. Deux personnes appelaient, l’une les services français, l’autre les services de secours britanniques. » Des témoignages corroborés par des proches des victimes. La plainte évoque ainsi un message WhatsApp laissé par un homme décédé dans le naufrage qui expliquait à sa famille être dans les eaux territoriales de deux pays. « On ne sait pas qui va venir », leur confiait-il. « Ils se moquent de nous » Contactée, la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord, sans infirmer formellement ces témoignages, assure « qu’aucune situation inquiétante n’est laissée en suspens, quel que soit le secteur de provenance de l’appel, d’autant plus qu’il s’agit de vies humaines ». Au lendemain du drame, sa porte-parole avait expliqué à 20 Minutes que l'alerte n'a été donnée que vers 14h par un pêcheur ayant aperçu une dizaine de corps flottant dans une mer à 11 degrés. Un important dispositif, comprenant notamment deux hélicoptères et trois bateaux avait alors été immédiatement déployé. Bien trop tard, donc. « Les sauveteurs ont repêché 27 corps mais les témoignages des deux rescapés et de familles laissent
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